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Knowledge in talk-in-interaction / Les savoirs dans la parole-en-interaction (KNOWINT 2023)

Bibliographie

Faisant suite au succès du colloque international Sources of knowledge in talk-in-interaction, qui s’est tenu à Lugano en 2022 (KNOWINT ; https://www.usi.ch/en/knowint), le colloque Les savoirs dans la parole-en-interaction (KNOWINT 2023) aura lieu du 6 au 8 novembre 2023 à l’Université de Lausanne, Suisse.

L’objectif du colloque est de poursuivre l’exploration de la manière dont le savoir est exprimé et négocié dans la parole-en-interaction. Le domaine sémantique de l’épistémicité ((‘epistemicity’ in Boye 2012) couvre deux champs notionnels. D’une part, la modalité épistémique encode le degré de certitude vis-à-vis de l’information transmise (par ex. Egan et Weatherson 2011 ; Nuyts 2001). D’autre part, l’évidentialité exprime la source de cette information, qu’il s’agisse d’une perception directe, d’un ouï-dire ou d’une inférence calculée (Aikhenvald 2004 ; Dendale et Tasmowski 2001 ; Squartini 2007). Les deux dimensions ont été largement étudiées sous des angles syntaxique et sémantique, en s’appuyant principalement sur des exemples décontextualisés et/ou inventés.

Plus récemment, en se basant notamment sur les travaux pionniers d’Heritage (1984) ou de Pomerantz (1984), les analystes de la conversation et de l’interaction ont commencé à examiner les prises de position épistémiques dans l’interaction dans une perspective plus pragmatique. En mobilisant des collections de données interactionnelles naturelles, ces analyses ont permis d’explorer le rôle des marqueurs épistémiques/évidentiels dans la formation, l’imputation et l’organisation séquentielle des actions, ainsi qu’au niveau de la construction et de la négociation des identités situées et des relations sociales (e.g. Grzech, Bergqvist, et Schultze-Berndt 2020 ; Heritage 2012a, 2012b ; Heritage et Raymond 2005 ; Jacquin et Miecznikowski 2022 ; Lindström, Maschler, et Pekarek Doehler 2016 ; Nuckolls et Michael 2014 ; Raymond et Heritage 2006 ; Stivers, Mondada, et Steensig 2011). L’indexicalité est ici fondamentale et ces recherches démontrent à quel point le sens des marqueurs épistémiques/évidentiels dépend de nombreux facteurs pragmatiques liés à différents niveaux de granularité (Schegloff 2000), allant de l’organisation séquentielle locale jusqu’à des attentes plus macro liées aux types ou genres d’interactions. Plusieurs langues ont été explorées, notamment l’anglais (e.g. Fox 2001 ; Kärkkäinen 2003 ; Sidnell 2014 ; Thompson et Mulac 1991), l’allemand (e.g. Betz 2015 ; Helmer, Reineke, et Deppermann 2016), le français (e.g. Jacquin 2022 ; Mondada 2011 ; Pekarek Doehler 2016), l’espagnol/catalan (e.g. Cornillie et Gras 2015 ; García Ramón 2018 ; Uclés Ramada 2020), l’italien (e.g. Miecznikowski, Battaglia, et Geddo 2021 ; Pietrandrea 2018 ; Riccioni, Bongelli, et Zuczkowski 2014), l’estonien (e.g. Keevallik 2006, 2010 ; Laanesoo 2016), le finnois (e.g. Lindström, Lindholm, et Laury 2016), ou encore l’hébreu (e.g. Polak-Yitzhaki et Maschler 2016).

Axes de recherche

Le comité d’organisation invite toute personne intéressée à soumettre une contribution qui explore la manière dont le savoir est exprimé et négocié dans la parole-en-interaction, en la liant à au moins un des trois axes de recherche suivants :

Axe de recherche 1 : Épistémicité et quantification

Au cours de ces dix dernières années, plusieurs travaux ont développé l’analyse quantitative des marqueurs épistémiques/évidentiels dans l’interaction (Albelda Marco et Jansegers 2019 ; Berglind Söderqvist 2020 ; Carretero, Marín-Arrese, et Lavid-López 2017 ; Grzech 2020 ; Hassler 2014 ; Jacquin et al. 2022 ; Miecznikowski 2022 ; Miecznikowski et al. 2021 ; Nissim et Pietrandrea 2017 ; Pekarek Doehler 2016, 2019 ; Willems et Blanche-Benveniste 2008), en considérant leur fréquence et leur distribution au regard d’une variable donnée (par ex. le genre institutionnel, le type morphosyntaxique, la position du marqueur dans le tour de parole et le rôle séquentiel de celui-ci) ou en examinant la relation entre au moins deux variables différentes (par ex. le type morphosyntaxique et la position du marqueur dans l’unité de construction du tour). Ces observations quantitatives permettent ainsi l’élaboration de panoramas généraux et favorisent l’émergence d’études statistiquement robustes sur l’emploi des marqueurs épistémiques/évidentiels dans l’interaction.

Ci-dessous, nous proposons quelques exemples de questions pertinentes concernant l’épistémicité au prisme de la quantification :

  • Dans quelles conditions la quantification des positions épistémiques dans la parole-en-interaction est-elle possible
  • Quels sont les marqueurs épistémiques/évidentiels les plus fréquents, dans quels contextes linguistique, discursif et séquentiel, et pour quelles fonctions interactionnelles ?
  • Comment combiner, à un niveau macro, l’exploration quantitative de données plus ou moins massives avec, à un niveau micro, des analyses qualitatives plus fines ?

Axe de recherche 2 : Épistémicité et multimodalité

Au cours des 15 dernières années, l’intérêt pour la dimension multimodale et corporelle de l’épistémicité dans parole-en-interaction s’est développé. Diverses études ont montré que certains (ou certaines classes de) marqueurs épistémiques/évidentiels sont associés à des gestes spécifiques ou au regard (e.g. Borràs-Comes et al. 2011 ; Debras 2021 ; Pekarek Doehler 2022). D’autres ont examiné la façon dont l’autorité épistémique est exprimée et négociée de manière multimodale (e.g. Clifton et al. 2018 ; Glenn et LeBaron 2011 ; Heller 2018 ; Heritage et Raymond 2005 ; Iwasaki 2015 ; Mondada 2013), et, plus généralement, la manière dont la multimodalité contribue à la gestion des savoirs dans la parole-en-interaction (e.g. Haddington 2006 ; Heller 2017 ; Kääntä 2014).

Ci-dessous, nous proposons quelques exemples de questions pertinentes concernant l’épistémicité au prisme de la multimodalité :

  • Comment les ressources verbales et paraverbales se combinent-elles pour construire des positions épistémiques dans la parole-en-interaction ?
  • Y a-t-il des gestes spécifiques ou des comportements du regard associés à l’expression et à la négociation des savoirs dans l’interaction ?
  • Que pouvons-nous apprendre d’un examen interlinguistique et interculturel de la dimension multimodale des marqueurs épistémiques/évidentiels ?

Axe de recherche 3 : Épistémicité et variation

Au cours des dernières années, diverses études ont mis en évidence le fait que l’usage et la fonction des marqueurs épistémiques/évidentiels varient à différents niveaux. La variation peut être liée à des variables sociolinguistiques telles que l’âge ou le sexe/genre des locuteurs (e.g. Berglind Söderqvist 2017, 2020 ; Brezina 2013 ; Coates 2012 ; Precht 2008), leur niveau d’éducation (Greco 2018), ou le cadre institutionnel concerné (Jacquin 2022 ; Jacquin et al. 2022). Plus généralement, de nombreuses études ont montré - après les travaux séminaux de Heritage & Raymond (Heritage et Raymond 2005 ; Raymond et Heritage 2006) - que les positions épistémiques adoptées par les participants dans un contexte spécifique sont étroitement liées à la gestion du statut, de l’autorité et du territoire épistémiques mutuellement (pré)attribués aux locuteurs et aux rôles impliqués. La temporalité semble être un autre facteur clé de variation, tant au niveau diachronique de l’évolution de la langue (c’est-à-dire les questions liées à la grammaticalisation de certaines expressions lexicales en marqueurs épistémiques/évidentiels  ; e.g. Enghels 2018 ; Mélac 2022 ; Persohn 2022) qu’au niveau longitudinal des histoires personnelles et interactionnelles (Beach 2009 ; Deppermann et Pekarek Doehler 2021). De la même manière que la variation diachronique, la variation diatopique dans l’utilisation des marqueurs épistémiques/évidentiels dans la parole-en-interaction reste, cependant, relativement inexplorée (e.g. Barrio 2019 ; Estellés et Albelda 2020).

Ci-dessous, nous proposons quelques exemples de questions pertinentes concernant l’épistémicité au prisme de la variation :

  • Existe-t-il des universaux dans l’utilisation et la signification de certains marqueurs épistémiques/évidentiels au sein d’une langue ou d’une variété spécifique ?
  • Quels sont les facteurs de variation et comment interagissent-ils entre eux dans l’utilisation des marqueurs épistémiques/évidentiels (par exemple, le sexe et le niveau d’éducation) ?
  • Comment combiner différentes méthodologies pour une analyse variationnelle plus holistique de l’épistémicité ?

Soumission

Les résumés des présentations orales (créneaux de 30 minutes incluant le temps de discussion et le temps de déplacement entre les sessions) doivent être soumis avant le 1er février 2023 via ConfTool (http://www.conftool.com/knowint2023). Les contributions devront être liées à au moins un des trois axes de recherche généraux proposés ci-dessus. Les résumés ne doivent pas dépasser 400 mots ; ils doivent (i) énoncer clairement la question de recherche, (ii) inclure une brève description du cadre théorique et de la méthodologie adoptée et (iii) souligner l’originalité de la proposition.
Les langues officielles du colloque sont l’anglais et le français.


Voir en ligne : Site web du colloque

Liens

Site du colloque
knowint2023_call_francais.pdf (PDF - 295.5 kio)
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